Comment marche la saponification à froid ?

Pour faire un savon, on utilise une matière grasse à laquelle on ajoute de la soude. Une réaction chimique a lieu. Les savons industriels, eux, naissent après avoir chauffé ce mélange à 120°, ce qui accélère le processus chimique. Après quoi, la glycérine est extraite (en utilisant de grandes quantités d’eau) et ne reste que le savon, un corps dur prêt à être commercialisé. Quand on veut opter pour du sain, du naturel, du bio, on utilise un savon qui, lui, a été saponifié à froid. C’est-à-dire qu’on a laissé le temps à la réaction chimique de se faire seule, naturellement, dans le temps, sans lui forcer la main. Cette transformation est ce qu’on appelle en chimie une « réaction totale », ce qui veut dire qu’elle perdure jusqu’à ce qu’un des ingrédients (l’huile ou la soude) vienne à manquer. Pour qu’un savon saponifié à froid soit utilisé, il faut qu’il ne contienne plus aucune trace de soude. C’est la présence d’un surplus d’huile qui garantit que toute la soude a été utilisée. Par ailleurs, il faut ensuite laisser le temps au savon de durcir (comptez 1 mois pour un pain de 100 grammes).

Les avantages de la saponification à froid

Contrairement à un savon industriel qui dessèche la peau, faute de contenir de la glycérine, les savons issus de la saponification à froid nettoient la peau, et surtout l’hydratent. La conséquence directe est que vous pouvez dire adieu à vos laits corporels. Quel gain de temps ! Et d’argent ! En cessant d’acheter des bouteilles en plastique de gel douche et de lait corporel, qui sont de grandes consommatrices d’eau et à produire et à recycler, vous faites votre part dans la préservation de l’environnement.

Vous pouvez d’ailleurs avoir envie d’essayer de produire vous-même votre savon saponifié à froid (autrement dit, à température ambiante). Alors, vous pourrez y ajouter, avant qu’il ne durcisse, les huiles essentielles qui vous relaxent, par exemple, ou bien des substances à l’effet antioxydant, ou exfoliant (avec quelques grains de gros sel)… Même si naturellement, les corps gras que vous allez utiliser (beurre de karité ou autre beurre végétal, huile naturelle de coco, de ricin ou d’olive) contiennent des insaponifiables, c’est-à-dire des substances qui ne réagissent pas avec la soude. Ces substances (vitamines A et E par exemple) ont des effets protecteurs, adoucissants ou nourrissants, sans que vous n’ayez besoin d’ajouter quoi que ce soit.

Pourquoi on aime le savon saponifié à froid ?

Au même titre que les shampoings solides, le savon saponifié à froid a le vent en poupe. Et c’est bien normal. Car l’impact écologique d’un tel savon n’a rien de comparable avec les produits lavants qui occupent d’ordinaire les tablettes de nos salles de bains. Pour le fabriquer, très peu d’énergie suffit puisqu’il n’est pas chauffé. Peu d’eau également. Il est garanti sans huile de palme (et aussi sans gluten, sans lactose et sans fruits à coque, mais vous n’aviez pas l’intention de le manger, hein ?), les huiles naturelles qui le composent suffisent. Aucun conservateur n’est ajouté, car le produit est stable dans le temps. Sauf si vous le laissez dans l’eau (là, il va se dissoudre), vous pouvez le conserver longtemps, sans qu’aucune bactérie ne s’y développe. Aucun parfum de synthèse n’est requis : neutre, il sent bon l’huile d’olive ou de coco, selon ce que vous utilisez, ou bien il fleure bon la mandarine ou la rose, selon l’huile essentielle que vous avez ajoutée. Sans emballage, il est parfaitement et intégralement biodégradable.

Les inconvénients de la saponification à froid, c’est quoi ?

Le risque de la saponification à froid, c’est l’excès de soude. De nombreuses recettes circulent sur Internet et les pourcentages prévus varient d’un site à l’autre. Nous vous invitons à toujours diminuer de 5 % la quantité de soude prévue par la recette que vous utilisez. Ce produit est corrosif, il entre dans la formule de nombre de produits ménagers, il faut le manier avec précaution. Avant de vous lancer dans la fabrication de votre savon, il convient de suivre une petite formation, notamment pour savoir mesurer son pH ou déterminer son niveau de surgraissage. Vous ne devez pas non plus vous montrer trop impatiente : pensez à bien respecter 4 semaines de séchage (« cure » dans le jargon) durant lesquelles la chimie se stabilise. Bref, on ne s’improvise pas savonnier.